Sauver une tourbière en sursis

La tourbière du Massif du Livradois-Forez stocke l'eau et surtout la filtre et la purifie. En aval, le petit ru qui serpente entre les grosses roches accueille des moules perlières d'eau douce et des écrevisses à pattes blanches, deux espèces sensibles aux pollutions, qui ne prospèrent que dans des eaux d'excellente qualité. Mais la tourbière ne se porte pas bien. « Après guerre, les propriétaires forestiers ont planté ici des épicéas, en plein dans la tourbière.

Petit à petit, ils asséchaient le terrain et mettaient cet écosystème en danger », explique un chargé de mission pour le parc naturel régional du Livradois Forez. Début 2010, un projet Feader (financé par la France et l'Union européenne) a été lancé, dans le cadre des actions Natura 2000. L'ONF a coupé ces arbres pour rendre à la tourbière son eau et sa lumière.

Pour éviter de dégrader le milieu, les troncs d'arbres ont été extraits par un débardeur à cheval. «  La réalisation de ce projet a ainsi permis une prise de conscience des habitants du hameau en contrebas 'le Perrier?, dont certains ignoraient jusqu'à l'existence de ce lieu.

D'ici quelques années, la tourbière devrait se reconstituer dans l'espace laissé libre par les conifères. Avec le retour de la tourbe, reviendront les monticules de sphaigne et des espèces précieuses telles que les drosera et les grassettes, deux plantes dites 'carnivores? qui se nourrissent d'insectes. Qu'il s'agisse d'agriculture ou d'aménagement d'espaces naturels, les projets 'Feader? constituent de précieuses opportunités pour les territoires ruraux de mettre en valeur la richesse de leur patrimoine naturel.