Description
La baie du Prado à Marseille subit depuis plusieurs années un ensablement progressif. Le sable recouvre les rochers et condamne l'habitat de plusieurs espèces animales et végétales. « C'est l'endroit où les espèces s'abritent, se nourrissent, se développent et se reproduisent, explique Joël Dottori, chargé d'opérations en milieu marin. Cela diminue le nombre de poissons et a une conséquence sur la pêche. » Pour maintenir la présence de poissons près de la côte, la ville de Marseille a implanté des récifs artificiels dès l'automne 2007. L'opération, baptisée « Récifs Prado », représente le plus gros volume de récifs immergés du pays ? 27 300 mètres cubes, soit l'équivalent de toutes les autres concessions déjà immergées en France.
Biodiversité et développement économique sont les deux enjeux de cette opération de réhabilitation. Les récifs artificiels offrent de nouveaux habitats à de nombreuses espèces, qui logent désormais dans ces casiers et autres modules à 30 mètres de profondeur. Ces habitats sont remarquables tant par leur quantité (401) que par leur diversité. Ils permettent le développement progressif d'un écosystème sous-marin renouvelé (algues, planctons, etc.) et favorable à l'installation de nombreuses espèces de poissons "d'intérêt commercial". Ainsi, outre la diversité animale, c'est la pêche professionnelle, un secteur d'activité important en Méditerranée, qui est pérennisée.
L'idée a été de combiner innovation (immersion de structures inédites) et règlementation. Au-delà de la sélection des récifs et de leur immersion près de l'herbier des posidonies et des fonds meubles de la rade, le secteur d'immersion a été protégé. Une zone sanctuaire de 110 hectares a été interdite à tout usage, en dehors de la navigation de surface. L'autre zone a été règlementée avec interdiction de pêche, plongée et mouillage pendant 4 ans. La colonisation des récifs par les poissons est étudiée à chaque saison par des scientifiques afin de contrôler la diversité du peuplement, l'abondance et la biomasse.
Les conditions environnementales positives, la complexité des habitats proposés par les modules immergés et la coopération des pêcheurs ont permis à l'opération d'être un succès. « La première phase de colonisation a été rapide », explique Sandrine Ruitton, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille. Pour les espèces de poisson destinées à être pêchées, la diversité continue de s'accroître. « C'est une réussite tant pour l'écosystème que pour l'activité socio-économique côtière », poursuit-elle.
Les fonds européens pour la pêche (FEP) ont financé le projet à 38 %.
Key figures
- 401 récifs installés sur 220 hectares
- Des récifs logeant à 30 mètres de profondeur